En juillet dernier, Flora Ouedraogo, conseillère en gestion organisationnelle volontaire pour la fondation AMANE au Maroc dans le cadre de notre projet PRIDE, effectuait une mission d’échange au Sénégal auprès de l’ONG EDEN. Lors de sa mission, elle a travaillé conjointement avec Goro Palenfo, conseiller en travail social volontaire auprès d’EDEN. Ensemble, les deux volontaires ont eu l’occasion d’organiser plusieurs ateliers de travail sur les mécanismes de prévention des abus et de l’exploitation sexuelle des enfants(PEAS).
Flora et Goro sont tous les deux de nationalité Burkinabè, et ont effectué des mandats de volontariat respectivement au Maroc et au Sénégal en 2021.
Cette entrevue a été effectuée à la suite de leur mission d’échange.
Pouvez-vous nous présenter brièvement le contexte de cet échange?
Flora : Cet échange a été initié afin de renforcer les connaissances et les méthodes d’intervention pour la prévention des abus et de l’exploitation sexuelle (PEAS) au Maroc où je suis chargé d’élaborer une politique sur le sujet. De ce fait, on a trouvé intéressant que je puisse aller au Sénégal, auprès de l’ONG EDEN qui travaillait au même moment sur les procédures internes de l’organisation en lien avec la PEAS.
Goro : Oui ! En effet cette mission a été un moment idéal de partage entre deux organisations travaillant dans des contextes similaires.
Pensez-vous que cet échange a été bénéfique pour les deux organisations ?
Flora : Je dirai que cela a été très bénéfique, parce que cela a permis un partage de pratiques entre les deux organisations surtout en matière d’accompagnement des enfants victimes de violences. De plus, je ressens déjà les répercussions sur mon travail au quotidien. Je continue à travailler sur les politiques de la Fondation Amane et j’accorde plus d’importances à certain aspect qui sont ressortis lors de nos échanges tels que : la nécessité de former le personnel de façon continue et aussi d’établir un répertoire des institutions auxquelles on peut se référer pour l’accompagnement des victimes d’abus.
Goro : EDEN est une organisation qui travaille beaucoup en matière de protection des enfants. C’est une structure de référence qui fait beaucoup de choses sur le terrain. Toutefois, bien qu’ils accompagnent les enfants de façon formelle, ils ne se sont pas vraiment penchés sur la question de la prévention des violences sexuelles et des abus. La mission de Flora nous a permis de nous rendre compte que le risque zéro n’existe pas. Il y a eu un déclic, et EDEN à désormais lancé la révision de sa politique d’intervention afin de mieux prévenir et lutter contre l’exploitation sexuelle.
Depuis le début du projet PRIDE, en avril 2020, plus d’une dizaine de volontaires ont déjà été déployés sur le terrain auprès de nos partenaires. A cause du contexte sanitaire et des limitations de voyages intercontinentaux, la majorité d’entre eux sont des volontaires dits « Sud-Sud » comme vous, soit des personnes ayant la nationalité d’un de nos 11 pays d’intervention partant travailler dans un des 10 autres pays. Quelle valeur ajoutée percevez-vous dans ce type de mandats, par rapport aux mandats classiques dans lesquels des Canadiennes et Canadiens sont déployés ?
Goro: C’est un peu difficile pour moi de faire cette comparaison parce qu’on n’a pas vécu l’expérience des mandats classiques. Par contre, je dirais que le partenaire a beaucoup apprécié de recevoir un volontaire venu du Sud. Entre autres parce qu’il y avait une similarité du contexte social, politique, culturel, social et économique. Dans mon cas, mon intégration a été très facile et rapide, et mon mandat a permis à la structure de mieux comprendre le PRIDE. Et si demain la situation changeait, et qu’on avait des citoyens canadiennes et canadiens qui venaient, la structure serait mieux préparée pour recevoir tout type de volontaire. Donc, il y a eu une plus-value que ça soient les Sud-Sud qui commencent et on verra par la suite.
Flora : Même si mon contexte est quand même différent que celui de Goro, je dirai que c’est surtout ce sentiment d’appartenance à une même communauté qui facilite le travail sur le terrain et une adaptation relativement facile au contexte culturel des pays dans lesquels on intervient, même si ici je vois qu’il y a une différence avec l’Afrique de l’Ouest. Je peux ajouter que ça facilite aussi le renforcement des capacités, parce que les partenaires ont une certaine facilité à accepter les nouvelles pratiques qu’on leur propose.
Quel est selon vous l’aspect le plus intéressant de la coopération Sud-Sud ?
Flora : Pour moi, la plus-value de la coopération Sud-Sud, c’est la valorisation de ton travail et de tes compétences. La Fondation Amane et le PRIDE m’ont confié cette responsabilité, et m’ont permis d’aller de l’avant. Pour le partenaire, je pense que la coopération Sud-Sud avec le PRIDE, c’est aussi la reconnaissance au niveau international de l’impact que ce type de programme peut avoir au niveau des communautés.
Selon vous, quelle est la plus-value d’avoir travaillé dans le cadre du PRIDE, et aux côtés d’une organisation canadienne ? Qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre travail quotidien ?
Flora : Pour moi, la plus-value d’avoir travaillé dans le cadre du PRIDE c’est d’abord le fait de prendre en considération que toutes les actions que je pose vont avoir un effet sur le long terme. Donc, dans tout ce que je fais je dois pouvoir pérenniser les actions afin que cela puisse avoir un effet sur le long terme en matière de protection et promotion des droits de l’enfant. De plus travailler avec l’IBCR m’a permis aussi d’être plus sensible à la question du genre. Aujourd’hui j’essaie vraiment d’en tenir compte dans mon travail et surtout dans mes études.
Goro : Avant mon mandat comme volontaire du PRIDE, j’avais travaillé sur le projet de renforcement des capacités des forces de sécurité, du personnel de justice et des travailleurs sociaux en protection de l’enfant(insérer le lien) mise en œuvre par l’IBCR au Burkina Faso de 2015 à 2021 . Travailler avec l’IBCR et par la suite le PRIDE a été une réelle formation pour moi. Parce qu’au-delà des connaissances que l’on partage avec les collègues, que ce soit sur le terrain ou à Montréal, ce que j’ai le plus apprécié c’est la méthode de travail, beaucoup plus basée sur les techniques participatives. Donc ça m’a amené moi-même à changer mes façons de faire pour faire passer des messages, et pour mieux discuter et travailler conjointement avec les partenaires sur le terrain afin d’aboutir à de meilleurs résultats.
Quelle est la suite des choses pour vos mandats respectifs ?
Flora : Pour ma part, la suite des choses c’est finaliser la rédaction d’une politique de protection de l’enfant, d’une politique de protection contre l’exploitation et le travail forcé des enfants et la formation du personnel de la fondation AMANE. Le mandat de volontariat est un plus dans ma carrière professionnelle, car j’étais un peu novice avant de commencer ce mandat. C’est sûr que ça va m’aider dans mes projets futurs […]. C’est vraiment quelque chose que je pourrais mettre de l’avant et utiliser dans mon travail futur lorsque je serai de retour dans mon pays.
Goro : Moi je garde un bon souvenir de la collaboration avec EDEN, j’ai gardé aussi de bons contacts. Même si les documents qu’on a eu à produire ensemble sont pour moi la propriété d’EDEN, ça ne m’empêche pas si un jour j’ai à animer des conférences que je puisse encore faire un retour sur ces documents-là pour appuyer ma communication. EDEN, à travers cette courte collaboration, ne nous voit pas comme des gens venant du Sud ou d’autres pays. Ils voient une collaboration EDEN – IBCR et je pense qu’actuellement, ils sont dans une dynamique qui devrait grandement faire avancer la promotion et la protection des enfants.
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