Après 6 ans de projet au Burkina Faso, quels résultats pour les enfants ?

En ce début d’année 2021, l’IBCR se tourne vers l’Afrique et le Burkina Faso, où s’est terminé un projet mis en œuvre depuis 2015. Au cours de ces années d’action, le Bureau et ses partenaires se sont attelés à renforcer les métiers des secteurs de la sécurité, de la justice et du travail social en matière de droits et de protection de l’enfant. 6 ans plus tard, les résultats sont là, et des changements concrets sont visibles, impactant positivement les enfants au Burkina Faso.

C’est le deuxième projet d’envergure qui se termine pour le Bureau dans les dernières semaines. Vous aviez peut-être suivi la clôture du projet Batela Mwana, un projet similaire qui visait à renforcer les métiers des secteurs de la sécurité, de la justice et du travail social en République démocratique du Congo. C’est maintenant au tour de notre projet au Burkina Faso d’arriver à son terme et de transmettre les outils nécessaires aux institutions et organisations locales afin qu’elles puissent continuer l’action initiée par notre intervention.

Deux projets similaires en simultané

Le Bureau s’engageait en 2015 dans deux projets d’envergure portant sur le même thème, mais dans deux pays différents : La République démocratique du Congo et le Burkina Faso. Les actions de chaque projet ont été adaptées aux contextes locaux et aux besoins exprimés, mais, dans l’ensemble, c’est une trajectoire similaire qui s’est tracée : celle d’accompagner l’État, ses institutions et les organisations locales dans l’amélioration de la protection des enfants du pays, alors confrontés à de nombreuses situations de vulnérabilités et manquant de confiance envers les institutions et les personnes censées les protéger.

Un projet de renforcement des capacités pour les forces de sécurité, la magistrature, la Garde de sécurité pénitentiaire et le travail social en matière de protection de l’enfant au Burkina Faso

Le projet s’est concentré particulièrement sur le renforcement des capacités du personnel de certains secteurs-clés de la protection de l’enfant : la sécurité, la justice (magistrature et Garde de sécurité pénitentiaire) et le travail social. Grâce à la mise en place de nouvelles procédures pour cadrer les interventions de chaque acteur, et à l’intégration de modules sur les droits de l’enfant dans les cursus de formation des métiers visés, les personnels visés ont pu faire évoluer leurs attitudes et développer les compétences nécessaires pour agir dans l’intérêt de l’enfant en tout temps. Le projet a ainsi permis aux enfants en contact avec la justice au Burkina Faso d’avoir accès à des services plus respectueux de leurs droits, en formant et outillant les professionnelles et professionnels qui interagissent avec eux.

Dans toutes nos interventions, nous agissons pour appuyer et renforcer les acteurs locaux chargés de protéger les enfants, en fournissant un appui technique basé sur notre expertise. Notre présence étant vouée à rester temporaire, nous mettons tout en œuvre pour que les institutions et organisations locales de protection de l’enfant s’approprient nos actions et puissent continuer à les mettre en œuvre après notre départ, pour permettre à tous les enfants d’un pays ou d’une région d’être mieux protégés. L’IBCR a ainsi agi en étroite collaboration avec les ministères, directions et services concernés, et la société civile du Burkina Faso afin d’amener un changement adapté et durable, en faveur des enfants du pays.


 

Des résultats probants, 6 ans après :

  • 7 759 professionnels, dont 835 femmes, ont été sensibilisés, outillés et formés aux droits de l’enfant et aux bonnes pratiques en matière de protection de l’enfant au Burkina Faso
  • 17 466 professionnelles et professionnels ont indirectement bénéficié des actions du projet et sont aujourd’hui mieux outillés pour protéger les enfants
  • 100 % des intervenantes et intervenants questionnés lors des activités du projet offrent désormais des services plus respectueux des principes de la protection et de la participation des filles et des garçons, dans tous les secteurs
  • Un total de 295 heures de cours sur les droits de l’enfant et les pratiques adaptées a été intégré dans les programmes de formation professionnelle de la police, de la gendarmerie, du secteur social, de la magistrature et de la Garde de sécurité pénitentiaire, de manière permanente, obligatoire et évaluée
  • 270 personnes, dont 54 femmes, ont été formées et certifiées pour dispenser les enseignements des nouveaux cours mis en place dans le cadre du projet, au sein des diverses écoles de formation associées
  • 4 modes opératoires ont été diffusés et de nouvelles pratiques ont été intégrées aux référentiels de l’État, pour clarifier les rôles, responsabilités et façons de faire des acteurs du système de protection de l’enfant au sein d’une trajectoire commune et harmonisée de l’enfant en contact avec la justice


 

Les actions du projet ont permis les changements suivants : 

  1. Les pratiques professionnelles sont mieux adaptées aux enfants et respectent leurs droits.

L’approche de la justice pour enfant évolue ; moins d’enfants sont placés en détentions (20% des cas traités en 2019 face à 41 % en 2015) et la priorité est donnée aux alternatives à la retenue ou à la garde à vue. Le personnel judiciaire dans son ensemble est de plus en plus sensible aux droits de l’enfant et fait preuve de davantage de respect, de patience et de compassion envers les enfants qu’il reçoit. Les enfants sont mieux informés et davantage invités à donner leur avis. La confidentialité est mieux respectée et les pratiques évoluent pour prendre en compte les spécificités liées au genre des enfants dans leur accompagnement.

  1. La collaboration entre les secteurs est renforcée, et le rôle transversal du travail social a été valorisé.

Alors qu’ils n’intervenaient que ponctuellement dans l’accompagnement des enfants en contact avec la justice, on retrouve désormais les travailleuses et travailleurs sociaux à toutes les étapes de leur parcours, depuis leur arrivée dans les escadrons jusqu’à leur accompagnement au sein du tribunal, le cas échéant. C’est une avancée majeure pour garantir le respect des droits des enfants au cours de la procédure, créer une relation de confiance avec eux, et leur permettre de bénéficier d’une assistance psychosociale de qualité.

  1. Les professionnelles et les professionnels sont mieux formés et outillés pour respecter les droits de l’enfant.

L’intégration des trousses de formation dans les écoles a permis aux professionnelles et aux professionnels actuels et en devenir des trois secteurs concernés par le projet de développer une meilleure compréhension des droits de l’enfant, d’adopter des pratiques adaptées aux enfants et d’assurer une protection de leurs droits renforcée, en accord avec les normes internationales.

6 591 apprenants, dont 634 femmes, ont été formés au moyen de ces cours, un nombre qui ne cessera de croitre d’année en année avec l’enseignement du cours, permettant une transformation globale et durable des pratiques.

  1. En travaillant directement avec le gouvernement burkinabè, le projet a favorisé l’adoption de directives, d’arrêtés ministériels et de mesures institutionnelles consolidant les droits reconnus aux enfants, et en particulier aux filles.

Les structures de l’état ont notamment pris des engagements afin de poursuivre les enseignements et les formations du projet, et pour renforcer l’application des recommandations données par la loi et/ou le projet.

Par exemple, le respect des délais de gardes à vue ou d’enquête sociales, la désignation d’un responsable du quartier des mineurs dans chaque établissement pénitencier, ou encore la désignation d’un travailleur social référent pour chaque commissariat et brigade de gendarmerie.

Les droits de plus de 1 261 250 enfants sont ainsi mieux protégés et respectés au Burkina Faso.

 

La réussite de la mise en œuvre de ce projet et les changements majeurs atteints pour un meilleur respect des enfants en contact avec la justice sont aussi dus en grande partie à la mobilisation et à la grande implication de nos partenaires de l’État burkinabè. Ce projet a été porté par et pour l’État et cet engagement fort s’est ressenti à toutes les étapes. Cela a permis une transition naturelle pour davantage de durabilité

Martin Causin, chef de projet, octobre 2020

> Pour plus de détails sur le projet et ses accomplissements, vous pouvez consulter la brochure de fin de projet : 

Bilan de six années de projet au Burkina Faso

Ce projet n’aurait pas pu se réaliser sans nos partenaires, que nous remercions chaleureusement :

  • Affaires Mondiales Canada, pour son soutien financier
  • Tous nos partenaires au Burkina Faso, et particulièrement les institutions et ministères impliqués, pour leur participation constante aux actions du projet, permettant la valorisation et la pérennisation des actions menées. Leur appropriation du projet et de ses messages est sans aucun doute l’un des gages de sa réussite.

Pour la suite ?

Le Bureau international des droits des enfants n’exclut pas de poursuivre son action et d’appuyer de nouveau le gouvernement burkinabè dans le renforcement de son système de protection de l’enfant dans le futur. Plusieurs projets sont aujourd’hui en cours de discussion avec les autorités canadiennes et burkinabè et pourraient voir le jour dans les prochaines années.

En savoir plus sur le projet et ses résultats

 

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